Défense: Ottawa travaille «très fort» à accélérer l’atteinte du 2% de l’OTAN
OTTAWA — Le gouvernement du Canada a déclaré, vendredi, qu’il tente d’accélérer l’atteinte de la cible de dépenses militaires de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), mais il nie du même souffle que c’est lié au retour prochain de Donald Trump à la Maison-Blanche.
«Le premier ministre a présenté un plan à l’OTAN et un engagement à atteindre 2 % (du PIB) d’ici 2032. Nous travaillons tous très fort pour accélérer ce processus. Mais ce n’est pas en réponse à une pression externe. C’est une pression interne», a indiqué le ministre de la Défense nationale, Bill Blair.
M. Blair était interrogé à son arrivée à la première réunion du Comité du Cabinet chargé des relations canado-américaines, un groupe qui vient tout juste d’être ressuscité à la suite de l’élection du milliardaire républicain, quant à la marge de manœuvre dont dispose Ottawa advenant que M. Trump exige que l’échéancier soit accéléré.
Par le passé, Donald Trump a affirmé que s’il redevenait président, les États-Unis n’offriraient pas de protection aux alliés de l’OTAN qui ne font pas leur part. La défense collective est un principe fondateur de l’Alliance atlantique.
Les 32 alliés de l’OTAN ont convenu de dépenser au moins 2 % de leur produit intérieur brut pour la défense, mais le Canada est l’un des seuls pays à ne pas avoir présenté de plan pour atteindre cet objectif. Vingt-trois membres ont déjà atteint la cible ou ont déclaré qu’ils le feraient d’ici la fin de l’année. Au Canada, en 2024-2025, les dépenses militaires atteignent 1,35 % du PIB.
Lors du sommet des dirigeants des pays membres de l’OTAN à Washington, en juin dernier, le premier ministre Justin Trudeau – qui était soumis à une pression croissante de la part des alliés – a promis que le Canada atteindrait l’objectif de 2 % d’ici 2032.
Le ministre Blair a expliqué que les Forces armées canadiennes ont besoin d’une foule d’équipements pour remplir leurs obligations non seulement envers l’OTAN, mais également le NORAD – le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord – et en matière de défense continentale.
Il a dressé une imposante liste d’épicerie: des sous-marins de surveillance, une défense aérienne et antimissile intégrée, de nouveaux avions de chasse, de nouveaux chars et de nouvelles pièces d’artillerie, de l’équipement et des munitions pour les forces armées.
«Gagnant-gagnant»
Quelques minutes plus tard, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’a pas repris les propos de son collègue lorsque questionnée sur le même sujet.
Elle a cependant insisté sur le fait que le Canada va «tripler» son budget de défense, ce qui représentera «le plus gros investissement depuis des décennies».
«Ça va créer des emplois de notre côté de la frontière. Ça va aussi créer, bien entendu, beaucoup d’emplois de l’autre côté de la frontière, du côté des Américains. Pourquoi? Parce qu’il y a beaucoup d’équipements militaires qu’on va acheter qui sont manufacturés aux États-Unis», a-t-elle insisté.
En mêlée de presse après la rencontre, Mme Joly a expliqué que le Canada juge que l’approche canadienne en matière de défense est «une position gagnant-gagnant» avec les États-Unis.
D’ailleurs, au moment de concevoir la nouvelle politique de défense, «nous avions en tête potentiellement qu’il pouvait y avoir deux candidats à la Maison-Blanche», a-t-elle ajouté, sans toutefois préciser sa pensée.
À ses côtés, la vice-première ministre Chrystia Freeland a renchéri que la politique de défense est une «stratégie industrielle, (…) une stratégie et une politique économique».
Mme Freeland a notamment plaidé que le Canada a déjà significativement augmenté ses dépenses en défense qui s’élevaient à «0,9 % (…) sous le gouvernement conservateur», qu’il est «un leader» dans des missions de l’OTAN, comme celle en Lettonie, et qu’il offre un appui majeur à l’Ukraine avec l’opération Unifier.
– Avec des informations d’Émilie Bergeron