Des Américains songent à venir vivre au Canada dans la foulée de la victoire de Trump

Un avocat spécialisé en immigration de Vancouver a reçu tellement de demandes de renseignements de la part d’électeurs américains mécontents à la suite de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de cette semaine qu’il a créé un site Web pour répondre à leurs préoccupations.

Ce site s’appelle «Trumpugees.ca». Sur sa page d’accueil, il mentionne aux visiteurs: «Fatigués de Trump? Vous pensez au Canada? Nous pouvons vous aider.»

Ryan Rosenberg, qui est associé chez Larlee Rosenberg, Barristers & Solicitors, soutient que ses collègues et lui constatent une augmentation de l’intérêt pour l’immigration de la part d’un large éventail de résidents américains déçus par la victoire électorale de M. Trump.

Selon l’avocate spécialisée en immigration Meghan Felt, qui travaille à Terre-Neuve, la situation est la même à l’autre bout du pays. À Toronto, le président de Royal LePage, Phil Soper, soutient que les recherches en ligne pour les propriétés à vendre au Canada ont augmenté dans les mois qui ont mené à l’élection.

Jackson Speary, un jeune homme de 22 ans du Maryland, reconnaît qu’il se sent désillusionné par la politique depuis «très longtemps» et confirme qu’il envisage de venir travailler ou étudier au Canada.

Le géologue craint que les politiques environnementales et économiques de M. Trump nuisent à son travail, dont une grande partie consiste à garantir le respect des règles environnementales fédérales. Il se demande si sa carrière serait plus stable au Canada.

«C’est une période très effrayante pour quelqu’un de mon âge qui souhaite poursuivre sa carrière», a avoué M. Speary depuis Stevensville, dans le Maryland, où il travaille.

«J’ai l’impression que j’aurais une bien meilleure sécurité d’emploi au Canada, et probablement partout ailleurs», a-t-il mentionné, notant qu’il envisage également de déménager en Nouvelle-Zélande, où il a des contacts professionnels.

Pas nouveau

Selon Me Rosenberg, il n’est pas rare de constater un intérêt soudain pour l’immigration au Canada après un événement majeur. Il se rappelle que le même phénomène s’était produit après la deuxième élection de George W. Bush, de la part «principalement d’Américains des États bleus qui voulaient partir».

Mais cette fois, il a remarqué que la démographie des personnes mécontentes semble plus large, puisqu’elle englobe les Américains riches, les minorités culturelles et les démocrates déçus par la défaite de Kamala Harris.

À Terre-Neuve, Me Felt n’a pas de site spécifique comme son confrère de Vancouver et ne fait pas de promotion ciblée, mais le simple bouche-à-oreille a conduit cinq Américains à la contacter au cours des derniers jours. Habituellement, elle reçoit environ une demande de ce type par semaine.

Un client qui avait évoqué l’idée de déménager au Canada il y a deux mois a lui a d’ailleurs envoyé un courriel après l’élection.

«Ils veulent procéder, comme, immédiatement», a raconté l’avocate de Saint-Jean.

Le plus souvent, les Américains sont curieux de connaître les centres urbains du Canada et ne posent pas de questions sur les différences politiques entre les provinces ou les pays, a-t-elle expliqué.

«Le Canada est le Canada. J’ai entendu dire que les Américains parlent du Canada comme d’un très grand Massachusetts», a mentionné Me Felt.

Jackson Speary a bien entendu dire que le Canada avait plafonné le nombre d’étudiants étrangers qu’il acceptera dans les prochaines années, mais il affirme que cela ne le dissuadera probablement pas de poursuivre des études supérieures au nord de la frontière.

«Ce sera plus difficile, mais je pense que je serais prêt à essayer», a-t-il assuré.