Justin Trudeau promet 35 millions $ pour des projets dans la région du Pacifique

LIMA — Le premier ministre Justin Trudeau a conseillé aux dirigeants mondiaux de se concentrer sur des objectifs communs avec Donald Trump avant son retour à la Maison-Blanche, alors que le Canada consolide ses relations avec les pays de la région du Pacifique.

«Donald Trump est quelqu’un qui a tendance à faire ce qu’il dit qu’il va faire», a affirmé M. Trudeau lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) à Lima, au Pérou.

Le premier ministre a ajouté que les dirigeants avaient une meilleure idée de ce qui arriverait avec une deuxième administration Trump qu’en 2016.

«De nombreux pays se concentrent sur le renforcement de la résilience et de la capacité à répondre à ces défis, au lieu de se demander si ces défis vont se matérialiser ou non. Je pense que les gens savent que ces défis vont se matérialiser.»

M. Trudeau a indiqué que les discussions formelles et informelles au sommet de l’APEC ont été dominées par des inquiétudes sur la manière de gérer le retour de M. Trump à la présidence des États-Unis en janvier, en particulier compte tenu de ses promesses d’imposer des tarifs douaniers radicaux sur toutes les importations.

Le groupe APEC vise à éliminer les barrières commerciales et à développer les économies dans les pays du bassin du Pacifique, mais il est confronté à la montée du protectionnisme de certains, comme M. Trump.

M. Trudeau est l’un des rares dirigeants mondiaux à avoir été au pouvoir pendant le premier mandat de Donald Trump, et il a précisé que son message à ses collègues était de mettre l’accent sur les «gagnants-gagnants» des accords commerciaux.

«Les gens réfléchissent à leur positionnement pour les prochaines années, afin qu’il soit constructif», a-t-il déclaré.

«C’est une approche qui est peut-être un peu moins surprise ou anxieuse qu’il y a huit ans, lorsque Donald Trump a été élu pour la première fois.»

M. Trudeau a déclaré que divers dirigeants ont sollicité son avis, bien qu’il n’ait pas nommé les pays qui se tournent vers le Canada ni caractérisé la région d’où ils viennent.

Le Canada a signé un nouvel accord commercial avec le Mexique et les États-Unis en 2018 après que le président Trump a mis fin à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), et M. Trudeau a déclaré qu’il s’en servait comme exemple pour d’autres pays. L’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACÉUM) doit être révisé en 2026.

La question chinoise

M. Trudeau a affirmé que le Mexique a été un «partenaire solide» dans les négociations de cet accord, mais il a déclaré qu’Ottawa était préoccupé par l’ampleur des investissements chinois au Mexique.

Il a déclaré que M. Trump l’avait interrogé spécifiquement sur l’approche du Canada en matière de commerce avec la Chine lors de leur conversation la semaine dernière, et il a souligné les nouveaux tarifs douaniers d’Ottawa sur les produits chinois.

Le mois dernier, le Canada a instauré des tarifs de 100 % sur les véhicules électriques chinois, ainsi que de 25 % sur l’acier et l’aluminium. Le gouvernement envisage maintenant des taxes à l’importation sur les batteries, les composants solaires et les minéraux critiques en provenance de Chine.

Beijing affirme que ces mesures nuisent aux deux économies ainsi qu’à la transition mondiale vers l’abandon des énergies fossiles, mais le Canada juge que la Chine utilise des subventions injustes et pourrait menacer les pays dont les industries en dépendent.

Le premier ministre a eu des réunions informelles en marge du sommet de l’APEC, où le président chinois Xi Jinping est une figure particulièrement importante en raison des efforts de Pékin pour resserrer ses liens avec l’Amérique du Sud.

Le bureau de M. Trudeau a déclaré qu’il avait eu «un bref échange» avec M. Xi, mais n’a pas fourni de détails sur ce dont ils ont discuté.

Cette semaine, M. Xi a inauguré un méga-port au Pérou, et les journaux et les panneaux d’affichage autour de Lima font la promotion des entreprises chinoises. Une publicité d’un fabricant d’alcool chinois montre le Machu Picchu et la Grande Muraille de Chine, souhaitant un sommet de l’APEC réussi en espagnol et en chinois.

Des investissements canadiens

C’est dans ce contexte que Justin Trudeau a annoncé un financement canadien de 35 millions $ pour des programmes dans la région du Pacifique

Les projets les plus importants concernent l’amélioration de l’accès aux soins de santé reproductive pour les femmes au Pérou, la lutte contre la violence domestique dans ce pays et la promotion de communautés durables dans la région des Andes péruviennes.

Dans le cadre de l’engagement du Canada dans la région du Pacifique, M. Trudeau a annoncé un soutien à des programmes tels qu’un investissement de 3,9 millions $ dans le BlackBerry Cybersecurity Centre of Excellence en Malaisie, qui formera 3500 personnes de toute la région dans le but de stimuler l’emploi local dans le gouvernement, la recherche et l’industrie.

Un autre projet consiste à intégrer au moins 2500 réfugiés vénézuéliens diplômés en médecine dans le système médical du Pérou.

M. Trudeau a rencontré samedi la présidente péruvienne Dina Boluarte ainsi que le président chilien Gabriel Boric. Et vendredi, il a annoncé que les négociations étaient terminées pour un accord commercial avec l’Indonésie, la quatrième économie la plus peuplée du monde.

M. Trudeau a également déclaré que le Canada cherchera à étendre la collaboration dans le domaine de l’énergie nucléaire à travers l’Asie du Sud-Est, en particulier pour les pays qui se demandent comment alimenter correctement les ordinateurs et les centres de données utilisés pour l’intelligence artificielle.

M. Trudeau a soutenu que cela créerait des emplois et renforcerait l’influence régionale du Canada.