Le 16e forum d’Halifax sur la sécurité internationale débutera vendredi

HALIFAX — L’incertitude est un thème clé cette année lors de la réunion annuelle de trois jours à Halifax de dirigeants politiques, de responsables de la défense et d’analystes politiques qui visent à promouvoir les valeurs démocratiques dans le monde entier.

Les 300 délégués de 60 pays participeront au Forum international sur la sécurité d’Halifax à partir de vendredi, moins de trois semaines après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine – un résultat qui a soulevé des questions sur le soutien militaire américain aux démocraties menacées d’Ukraine et de Taïwan.

Au cours des deux dernières années, M. Trump a critiqué à plusieurs reprises l’aide de près de 60 milliards $ à l’Ukraine fournie par l’administration du président américain Joe Biden, et il a fait de vagues promesses de mettre fin à la guerre. Le président élu n’a pas non plus précisé si son prochain gouvernement défendrait Taïwan en cas d’invasion par la Chine. Il a suggéré que l’île autonome «devrait nous payer pour la défense». Peter Van Praagh, président du forum, a déclaré dans une entrevue mercredi qu’en novembre 2016, après la première ascension de M. Trump à la Maison-Blanche, il y avait eu «un certain choc quant à la possibilité que cela se produise», mais il a indiqué que cette année, le choc a été remplacé par un sentiment d’incertitude.

«L’une des choses que le président élu Trump apporte à la table des discussions est un certain niveau d’incertitude […] Maintenant, tout le monde cherche à réduire cette incertitude et à obtenir une certaine clarté sur ce que seront ses priorités», a-t-il déclaré.

Des invités importants

M. Van Praagh s’attend à ce que les intervenants du 16e forum présentent des éléments justifiant pourquoi l’administration Trump doit poursuivre le soutien financier et militaire de M. Biden à l’Ukraine, arguant que la sécurité des démocraties du monde entier en dépend.

Il s’est dit heureux que l’ancienne présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, prononcera un discours samedi, qui devrait souligner à quel point le soutien américain à l’Ukraine est crucial pour la sécurité de son pays et de sa démocratie.

Mme Tsai a quitté ses fonctions en mai. Au cours de ses deux mandats, elle a été fréquemment attaquée par la Chine pour son refus de reconnaître la revendication de souveraineté de Pékin sur l’île.

M. Van Praagh a noté que la politicienne, qui reste une figure influente du Parti démocrate progressiste au pouvoir, devrait expliquer comment la menace chinoise n’est pas isolée du conflit en Europe centrale. «Toutes ces choses sont liées. La sécurité ukrainienne est liée à la sécurité en Asie de l’Est», a-t-il soutenu.

M. Van Praagh a dit qu’il espère que les intervenants du forum contribueront à influencer les membres de la délégation du Congrès américain sur l’importance de soutenir Taïwan et l’Ukraine.

En 2016, l’ancien sénateur républicain John McCain était une personnalité éminente et influente à Washington. Il assistait régulièrement au forum sur la sécurité d’Halifax, rapportant les idées qu’il avait entendues au Sénat. Depuis son décès en 2018, un prix est décerné chaque année en son nom lors du forum.

Cette année, deux sénateurs républicains, James Risch de l’Idaho – qui pourrait présider l’influent comité de relations étrangères après l’entrée en fonction de M. Trump – et Mike Rounds du Dakota du Sud participent à la délégation du Congrès américain, aux côtés de quatre sénateurs du Parti démocrate.

«Ces personnes n’ont pas seulement leur mot à dire, elles ont un vote», a fait valoir M. Van Praagh.

M. Risch sera l’un des orateurs de la séance d’ouverture de la conférence vendredi, aux côtés de la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen du New Hampshire. Ils discuteront du rôle de l’Amérique dans le monde. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, prendra également la parole lors de la journée d’ouverture. Elle siégera aux côtés de M. Rounds à un panel intitulé «Victoire en Ukraine».

Parmi les autres invités, on compte la générale Jennie Carignan, cheffe des Forces armées canadiennes, qui siégera samedi à un panel avec l’amiral américain Samuel Paparo, commandant du commandement indo-pacifique américain, et Andrew Shearer, directeur du Bureau du renseignement national australien.

De nombreux événements au cours des trois jours du forum, notamment une séance plénière sur les menaces que la Russie et la Chine font peser sur l’Arctique canadien, sont liés au conflit en Ukraine et à la question de savoir si les démocraties occidentales devraient continuer à soutenir ce pays.

«Si nous réussissons en Ukraine et que nous chassons la Russie du pays, tous les autres défis internationaux deviennent plus faciles, a déclaré M. Van Praagh. Si la Russie réussit, tout devient plus difficile».

«L’alternative est le chaos et davantage de guerres».