Le télétravail réduit les émissions de GES des fonctionnaires, selon une étude

OTTAWA — Les fonctionnaires fédéraux à Ottawa qui sont en télétravail ont émis 25 % moins de GES que ceux qui travaillaient au bureau, selon une nouvelle étude publiée alors qu’un important syndicat de la fonction publique conteste l’imposition d’une présence plus fréquente au bureau.

Les fonctionnaires fédéraux au Québec contribuent encore moins aux émissions de gaz à effet de serre (GES), selon cette étude, en grande partie grâce à des résidences plus écologiques, chauffées à l’électricité plutôt qu’au gaz naturel, et grâce au réseau électrique de la province, qui est basé presque à 100 % sur des sources d’énergie renouvelable.

L’étude, financée par le gouvernement fédéral, est basée sur des enquêtes menées auprès d’environ 1500 employés de trois bureaux gouvernementaux. Elle examine les émissions des résidences, des bureaux, des transports et de l’utilisation d’Internet.

L’étude suggère que si un fonctionnaire de la région de la capitale fédérale en «mode hybride» travaille à distance une journée de plus par semaine, ses émissions annuelles de GES sont réduites d’environ 235 à 350 kilos, soit à peu près l’équivalent de la consommation de 150 litres d’essence.

Ces économies sont en grande partie attribuables à la baisse des émissions liées aux transports pour aller au boulot et à une réduction présumée des espaces de bureaux de l’édifice fédéral où travaille le fonctionnaire.

«Le principal enseignement à tirer de cette étude est que le télétravail […] est une version plus durable que le travail en présence au bureau», a déclaré Farzam Sepanta, coauteur de l’étude. Il précise toutefois que cet avantage tient pourvu que les télétravailleurs et ceux en mode hybride prennent une «décision éclairée concernant leurs habitudes et leurs comportements».

Bien que ces réductions puissent être relativement faibles en elles-mêmes, elles s’additionnent lorsqu’elles sont appliquées à des milliers de fonctionnaires fédéraux, a rappelé M. Sepanta, qui est doctorant à l’Université Carleton d’Ottawa. Les résultats étaient spécifiques à la fonction publique fédérale, admet-il, mais on peut aussi en tirer «d’importants enseignements pour les travailleurs du secteur privé».

Les résultats concordent par ailleurs avec ceux d’études similaires qui tentent de quantifier les émissions de GES des modèles de travail à distance et hybrides. Une étude réalisée par l’Université Cornell et Microsoft l’année dernière avait estimé que les télétravailleurs pourraient avoir une empreinte carbone inférieure de 54 % à celle des «travailleurs en présence», si les choix de style de vie et les modalités de travail sont pris en compte.

Attention à l’étalement urbain

Il convient toutefois de noter que l’enquête auprès des fonctionnaires fédéraux ne tient pas compte des implications à long terme en matière d’émissions, comme la possibilité que des travailleurs migrent des centres urbains vers des maisons de banlieue plus grandes, avec des trajets plus longs.

M. Sepanta précise aussi que l’enquête ne tire par ailleurs aucune conclusion sur la manière dont le télétravail pourrait affecter d’autres facettes, comme la culture organisationnelle ou les attentes des clients.

Un important syndicat du secteur public n’a pas tardé à saluer les résultats de cette étude, preuve supplémentaire des avantages du télétravail.

Dans une déclaration écrite, la présidente nationale de l’Alliance de la fonction publique du Canada, Sharon DeSousa, juge que cette étude est révélatrice. Elle estime aussi que le gouvernement «rate» une chance de bâtir une main-d’œuvre moderne qui «ouvre la voie à un avenir durable».

Dans une déclaration écrite, la présidente nationale de l’Alliance de la fonction publique du Canada, Sharon DeSousa, a qualifié l’étude de «révélatrice» et a suggéré que le gouvernement gaspillait une chance de créer une main-d’œuvre moderne qui «ouvre la voie à un avenir durable».

«Cette étude révélatrice prouve ce que nous disons depuis le début: le télétravail est un meilleur travail», peut-on lire dans la déclaration.

Les syndicats représentant les fonctionnaires fédéraux avaient promis un «été de mécontentement» lorsque le gouvernement a annoncé qu’il obligerait les employés fédéraux à retourner au bureau trois jours par semaine, au lieu de deux. La politique précédente avait été mise en place en mars 2023, deux ans après que les gens ont commencé à travailler à distance en raison de la pandémie de COVID-19.

Incitatifs au transport en commun

Le Secrétariat du Conseil du Trésor a indiqué mercredi qu’Ottawa avait financé cette étude dans le cadre d’un effort plus vaste visant à comprendre les émissions associées aux activités du gouvernement fédéral, mais qui n’en découlent pas directement.

Le ministère a déclaré dans une déclaration que les résultats offraient des informations de base utiles sur les émissions de GES, ainsi que des recommandations dans plusieurs domaines liés à l’écologisation des transports et des espaces de bureau.

«L’approche de la fonction publique en matière de travail hybride allie les avantages de la collaboration en personne à la flexibilité du télétravail, tout en contribuant à écologiser les opérations gouvernementales», peut-on lire dans la déclaration.

Les auteurs de l’étude recommandent notamment de réduire la taille des espaces de bureau physiques et de promouvoir l’utilisation d’espaces de bureau partagés flexibles. Ils recommandent aussi des subventions ou des incitatifs fiscaux pour que les employés achètent des véhicules électriques ou prennent les transports en commun, et lancent l’idée d’offrir des laissez-passer gratuits pour les employés qui s’engagent à les utiliser régulièrement.

Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, a imputé le déficit budgétaire de la ville en matière de transport en commun à la baisse de fréquentation due à l’essor du télétravail. Il a soutenu qu’il pourrait falloir des décennies à la Ville pour rattraper les prévisions de fréquentation qui sous-tendent son expansion en matière de transport en commun.