Le travail debout ne contre pas les méfaits de la sédentarité, bien au contraire

MONTRÉAL — Malgré sa popularité récente, le travail debout ne suffit pas à contrer les effets de la sédentarité et peut même mener à l’apparition de nouveaux problèmes de santé, prévient une nouvelle étude australienne.

Rester debout plus longtemps qu’assis n’améliore pas la santé cardiovasculaire et pourrait augmenter le risque de problèmes circulatoires liés à la position debout, tels que les varices et la thrombose veineuse profonde, précisent des chercheurs de l’Université de Sydney.

«C’était peut-être un peu « naïf » de penser qu’avec seulement des petits gestes comme changer d’assis à debout, sans vraiment augmenter l’activité physique, qu’on allait réduire ou prévenir des événements cardiovasculaires juste avec ça», a commenté le cardiologue Josep Iglesies-Grau, de l’Institut de cardiologie de Montréal.

Après avoir étudié quelque 83 000 membres d’une biobanque britannique, les auteurs de l’étude rapportent avoir «observé une association linéaire entre un risque accru de maladie circulatoire orthostatique et l’augmentation du temps passé debout, sans association protectrice pour le risque de maladie cardiovasculaire».

Après une dizaine d’heures par jour, poursuivent-ils, on observe «une association délétère entre l’augmentation du temps passé en position assise et l’augmentation du risque de maladie circulatoire orthostatique et de maladie cardiovasculaire».

Ils estiment que cela «remet en question les stratégies d’intervention actuelles qui se concentrent uniquement sur le remplacement du temps passé en position assise par du temps passé en position debout sans augmenter l’activité physique».

C’est en effet la conclusion qui s’impose, a confirmé le docteur Iglesies-Grau: il n’est pas possible d’améliorer sa santé cardiovasculaire sans bouger, ne serait-ce que quelques minutes à la fois, puisqu’«une personne peut être très active et très sédentaire au même temps».

«C’est clair que (travailler debout au lieu d’assis) n’est pas une vraie solution, a-t-il dit. La vraie solution passe par changer autre chose.»

La sédentarité et l’inactivité physique sont deux choses différentes, a rappelé le docteur Iglesies-Grau. Un individu qui passe dix heures par jour en position assise est sédentaire même s’il fait une heure d’activité physique tous les soirs, a-t-il illustré.

La meilleure stratégie pour combattre la sédentarité consiste donc à entrecouper la journée de travail de petites pauses «actives»: se lever pour s’étirer, marcher en discutant avec un collègue, utiliser les escaliers plutôt que l’ascenseur, navetter en vélo, descendre un arrêt de bus ou de métro plus tôt pour marcher un peu… l’effet cumulatif toutes ces minutes d’activité ne doit pas être négligé, a dit le docteur Iglesies-Grau.

«Le mieux, c’est de réduire au maximum le temps qu’on passe assis, a-t-il dit. C’est une réflexion qu’on doit tous se faire personnellement: comment est-ce que je peux changer ma routine?»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par l’International Journal of Epidemiology.