Ottawa va tenter de résorber la pénurie d’interprètes qui sévit au pays

QUÉBEC — Ottawa veut s’attaquer à la pénurie d’interprètes qui sévit au pays.

Vendredi, le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a annoncé la création d’un nouveau microprogramme à l’Université Laval pour former des interprètes.

Il a salué le travail «discret, difficile et crucial» de ces professionnels, qui assurent la bonne marche des institutions en permettant aux Canadiens d’avoir accès à des informations sûres dans la langue de leur choix.

L’Université Laval lancera donc son microprogramme de deuxième cycle, qui comprendra 12 crédits, en septembre 2025, avec l’aide du Bureau de la traduction (BT), un organisme fédéral.

Le BT offrira des stages, et invitera les diplômés du programme à l’examen d’accréditation du bureau, en plus de les orienter vers des emplois au sein de son organisation.

Le Canada compte actuellement sur «une toute petite équipe» d’interprètes au «pouvoir remarquable», a affirmé Jean-Yves Duclos, sans dire exactement combien il manque d’interprètes.

L’objectif est de former une quinzaine d’étudiants par promotion, a indiqué le directeur des programmes de deuxième et troisième cycles en traduction de l’Université Laval, Louis Jolicoeur.

Deux autres universités canadiennes offrent des programmes en interprétariat: l’Université d’Ottawa et le Collège Glendon de l’Université York.

En général, ce type de programme est très exigeant, a souligné M. Jolicoeur.

«À Ottawa et à Glendon, on parle de deux, trois nouvelles personnes qui réussissent les examens, qui sont vraiment assez formées pour entrer dans le milieu du travail», a-t-il illustré.

«Si on réussit, nous, à apporter quelques personnes de plus, ça fait vraiment une grosse différence.»

Selon M. Duclos, la demande pour les services d’interprétariat est actuellement en «forte hausse», au moment où les échanges se complexifient et deviennent de plus en plus «lourds de conséquences».

Protéger la santé des interprètes

Par ailleurs, plusieurs interprètes dans les dernières années se sont plaints des conditions de travail, qui ont pu leur causer des blessures auditives.

Interrogé à ce sujet, M. Duclos a reconnu qu’il fallait «protéger encore davantage la santé et la sécurité» des interprètes «dont on a absolument besoin».

«C’est une considération sérieuse qui peut même réduire l’attrait de la profession», a-t-il admis. Il a ajouté que, selon lui, la nouvelle technologie aidait déjà à réduire les risques de blessures.

Il a donné l’exemple de nouvelles oreillettes, qui protégeraient mieux la santé auditive des interprètes.

«Il y a beaucoup d’autres aménagements qui ont été faits au cours des dernières années qui ont mené à une réduction très significative du nombre d’incidents auditifs», a-t-il affirmé.

Selon ses chiffres, le nombre d’incidents a chuté de 40 % en 2023 et de 70 % en 2024.

«Il y a encore du travail à faire, mais (…) on semble aller dans la bonne direction», a affirmé le ministre, selon qui les interprètes méritent «des conditions de travail et de rémunération appropriées».

Les interprètes œuvrent notamment au Parlement, à Ottawa, à l’Assemblée nationale du Québec, au sein de différentes institutions, dans les palais de justice et milieux communautaires.