Québec solidaire estime que Legault fait ouvertement la promotion du PCC de Poilievre

QUÉBEC — Le premier ministre du Québec, François Legault, fait ouvertement la promotion du Parti conservateur du Canada (PCC) de Pierre Poilievre.

C’est ce qu’a dénoncé mardi le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

Il a qualifié M. Legault de «superbénévole» du PCC, soulignant que le premier ministre québécois a relayé samedi sur son compte X un message à saveur électorale du conseiller pour le Québec de M. Poilievre, Vincent Desmarais.

Jeudi dernier, M. Legault avait reproché au Bloc québécois de soutenir le gouvernement libéral de Justin Trudeau. Un appui «stupéfiant» au PCC, selon M. Nadeau-Dubois.

Le message qu’a relayé M. Legault samedi se lit ainsi: «En 2008, le Bloc a préféré être complice d’un parti centralisateur et trudeauiste plutôt que de défendre les intérêts du Québec. Aujourd’hui, l’histoire se répète.»

Saisissant la balle au bond, M. Poilievre a déclaré à la Chambre des communes mardi que «le premier ministre du Québec dit que la nation québécoise ne veut pas montrer la confiance dans ce gouvernement (Trudeau)».

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh en a également profité pour qualifier une fois de plus M. Legault de «premier ministre conservateur» qui «privatise notre système de santé», comme il l’avait déjà fait en février dernier.

«Quand est-ce que François Legault a reçu ce mandat-là de la part des Québécois? a demandé M. Nadeau-Dubois. Quand est-ce qu’ils ont voté pour que François Legault fasse ouvertement la promotion d’un parti dont le tiers des députés sont contre le droit à l’avortement?»

Accès à l’avortement et tramway de Québec

Le co-porte-parole de QS a rappelé qu’en juin 2023, le député conservateur Jeremy Patzer s’est rendu jusqu’en Floride pour prononcer un discours lors du congrès d’une église créationniste et antiavortement.

Depuis qu’il est député, Pierre Poilievre a lui-même voté à quatre reprises pour des motions ou des projets de loi qui menaçaient directement le droit des femmes à l’avortement, selon QS.

«Ce n’est pas une « joke ». C’est sérieux. Est-ce qu’on veut que cet homme-là soit premier ministre du Canada?» a lancé M. Nadeau-Dubois.

«François Legault, ce qu’il a fait la semaine dernière, c’est une énorme passe sur la palette à cet homme politique. Moi, je pense que ça ne représente pas les valeurs de la grande majorité des Québécois, puis François Legault doit corriger le tir.»

Selon lui, le mandat du premier ministre du Québec n’est pas de devenir «le bénévole en chef de Pierre Poilievre», mais «de faire fonctionner notre système de santé, notre système d’éducation, de s’occuper du coût de la vie puis de s’occuper du logement».

«Que François Legault fasse ça puis qu’il arrête de faire campagne pour Pierre Poilievre», a-t-il martelé.

Par ailleurs, le député Etienne Grandmont, de QS, a fait valoir que l’arrivée au pouvoir du PCC pourrait signer l’arrêt de mort du projet de tramway de Québec.

«Pierre Poilievre a dit qu’il ne mettrait pas une cenne dans le projet de tramway, a-t-il souligné. Est-ce que le premier ministre du Québec endosse ça? Est-ce qu’il pense que le fédéral ne doit pas mettre une cenne là-dedans ou il veut vraiment que le tramway se réalise?»

Le projet de tramway doit aller de l’avant, a renchéri le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.

«Clairement, il pointe vers un appui, qu’il n’a pas encore confirmé, mais un appui formel au Parti conservateur, ce qui, pour nous, n’est pas acceptable. Ce n’est pas au premier ministre du Québec à faire de la politique fédérale», a déclaré M. Tanguay.

Legault persiste et signe

Lors d’un échange musclé avec M. Nadeau-Dubois au Salon rouge, M. Legault a de nouveau critiqué les libéraux de Justin Trudeau, qui forment, selon lui, le gouvernement «le plus centralisateur de l’histoire du Canada».

Il a déclaré que le gouvernement fédéral devait réduire de moitié le nombre d’immigrants temporaires. «C’est inacceptable de nous envoyer 600 000 immigrants. On n’est plus capables», a-t-il lancé.