Québec Solidaire veut rendre l’accès gratuit à la contraception

MONTRÉAL — Avec plus de 72 000 signatures récoltées en quelques jours, Québec Solidaire (QS) espère que la pétition demandant l’accès gratuit à la contraception fasse son chemin jusqu’aux oreilles du gouvernement Legault et qu’il emboîte le pas avec cette mesure de prévention qui lui ferait économiser des millions de dollars annuellement en gestion de grossesses indésirées.

La pétition lancée par la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) demande au gouvernement du Québec d’«instaurer un programme d’accès gratuit à toutes les méthodes de contraception disponibles au Québec, et ce, sans exception».

Bien qu’un programme d’assurance maladie incluant les contraceptifs existe déjà au plan fédéral, la députée de Mercier et responsable solidaire pour la condition féminine, Ruba Ghazal, souhaite que la province puisse se donner les moyens de ses ambitions en matière de protection des droits des femmes.

«On veut que le gouvernement fédéral nous donne l’argent sans condition pour que le Québec fasse un programme qui répond à ses propres besoins», a expliqué à La Presse Canadienne la députée solidaire, qui se dit inquiète face à une potentielle montée au pouvoir des conservateurs.

«Il y a des sommes du gouvernent fédéral qui sont disponibles pour le Québec et il faudrait aller les chercher sans condition avant que le gouvernement Poilievre arrive et finalement décide que ce n’est pas une priorité pour lui, a-t-elle expliqué. On sait qu’au Parti conservateur du Canada, il y a un grand nombre d’élus qui sont anti-choix des femmes (…) il faut qu’on reste un rempart contre les gens qui attaquent les droits des femmes.»

Selon Ruba Ghazal, une telle mesure coûterait 48 millions de dollars par année et permettrait d’économiser pas moins de 71 millions de dollars en évitant de nombreuses grossesses indésirées.

La proposition de QS se veut «plus large que seulement la contraception pour femme», en couvrant tous les moyens de contraceptions en plus d’un accès gratuit aux condoms.

Une pétition devenue «virale»

Pour Ruba Ghazal, il ne fait aucun doute que l’élection de Donald Trump a eu un effet de catalyseur sur la pétition. Cette dernière, qui se termine le 25 novembre, a récolté des dizaines de milliers de signatures depuis l’élection à la Maison-Blanche du candidat républicain le 5 novembre dernier.

«Il y a une frontière entre les États-Unis et le Canada, mais on pourrait aussi être très fortement contaminé par cette mouvance anti-choix des femmes, a ajouté Ruba Ghazal. C’est sûr que ça m’inquiète beaucoup et je veux que le gouvernement de la CAQ entende cette inquiétude et qu’il ait la même, car il est pour le droit à l’avortement.»

Elle entend continuer d’interpeller, la ministre responsable de la condition féminine, Martine Biron à ce sujet, en utilisant divers moyens parlementaires.

«Ça coûte cher, et avec le coût de la vie, les femmes ne sont pas capables de faire les bons choix pour elle-même, donc c’est d’une certaine façon une attaque à leur droit de ne pas le rendre accessible.»

Ruba Ghazal, invite donc le gouvernement caquiste à s’inspirer de la Colombie-Britannique, qui est devenue, en avril 2023, la première province au Canada à offrir la contraception sur ordonnance gratuite.

Questionné à ce sujet, le cabinet de la ministre Biron explique vouloir laisser «cheminer la pétition jusqu’à son dépôt à l’Assemble nationale avant de commenter».