Une «technique diffamatoire» de Bouazzi, juge Paul St-Pierre Plamondon

VICTORIAVILLE — Les tentatives de Québec solidaire (QS) pour rendre ses adversaires infréquentables ne passent plus dans la population, a affirmé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon en mêlée de presse à Victoriaville, samedi.

Il réagissait aux propos du député Haroun Bouazzi de Québec solidaire, qui l’a attaqué récemment en laissant entendre qu’il était hostile aux immigrants – cela tient de la diffamation, selon le chef péquiste.

M. Bouazzi est actuellement au centre de la controverse pour avoir affirmé que tous les jours, il entendait à l’Assemblée nationale des propos qui dépeignaient l’Autre, immigrant, autochtone, noir, avec une culture inférieure ou dangereuse, ce qui a suscité un tollé dans toute la classe politique.

À la veille d’un conseil national du PQ à Victoriaville, le chef du Parti québécois a dit que ce n’était pas la première fois que M. Bouazzi l’accusait d’être un raciste.

«C’est un procédé récurrent de Québec solidaire», a déploré M. St-Pierre Plamondon.

«Inventer des propos pour signaler sa vertu sur des bases mensongères, mais également tenter de rendre les adversaires infréquentables, ça ne fonctionne plus au Québec, on l’a connu dans les dernières années et là, on n’en veut plus de ça, ça ne passe plus dans la population, ça ne passe plus dans les partis politiques», a-t-il dénoncé.

Il y a des «dizaines d’exemples» où M. Bouazzi traite ses adversaires de racistes, a-t-il poursuivi. Soit QS continue à cautionner ses écarts, soit M. Bouazzi se rétracte et s’excuse ou sinon il est exclu du caucus de QS, a résumé M. St-Pierre Plamondon.

Le chef du PQ a affirmé que la vérité et les faits sont «importants» et que dans le cas de M. Bouazzi, ses déclarations ne sont pas fondées sur les faits et «c’est à proprement dit une technique diffamatoire».

M. St-Pierre Plamondon n’entend pas toutefois exercer de recours judiciaires.

Vendredi matin à la radio de Radio-Canada, M. Bouazzi a laissé entendre que M. St-Pierre Plamondon flirtait avec l’extrême droite en évoquant un afflux éventuel d’immigrants en provenance des États-Unis à la suite de l’élection du président Trump.

«M. (Paul) St-Pierre Plamondon nous a expliqué que, si on ne fait pas la souveraineté, on va disparaître. On est 9 millions! Si on disparaît, c’est qu’on se fait remplacer. Remplacer 9 millions (de personnes), ce n’est pas un petit remplacement, c’est un grand remplacement», a-t-il plaidé.

La théorie du grand remplacement est une théorie populaire dans les cercles complotistes. C’est un discours qui affirme que les populations d’origine européennes sont en train d’être remplacées avec le concours des élites par des populations immigrantes notamment d’origine africaine.

«Québec solidaire fait beaucoup de politique négative en faisant des procès d’intention qui ne reposent sur rien», a déploré le chef du PQ.

C’est une déclaration récente dans une allocution devant une fondation œuvrant pour les personnes d’origine maghrébine qui a mis le feu aux poudres.

«Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours, la construction de cet Autre, de cet Autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure», avait déclaré le député de Maurice-Richard.

Autant les caquistes, que les libéraux et le PQ ont condamné ces propos de M. Bouazzi jeudi, tandis que les deux co-porte-paroles de QS les ont jugés «malheureux et exagérés», sans toutefois exiger d’excuses ou de rétractations.

M. Bouazzi a même renchéri à la radio de Radio-Canada vendredi tout en démentant avoir traité ses collègues de racistes. Il a notamment visé le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant.

«M. Carmant nous explique, à une question au Salon bleu sur des intervenantes à la DPJ qui ont couché avec des mineurs, et il finit par nous dire: “c’est la faute des immigrants”», a-t-il relaté.

Or M. Carmant n’a pas tenu ces propos en Chambre et il s’est offusqué d’être accusé d’attiser le racisme.

Il affirmait plutôt que les services sociaux étaient sous pression notamment en raison du grand nombre de nouveaux arrivants.

«L’impact des nouveaux arrivants joue un rôle sur tous nos services que l’on offre. Vous savez qu’à mon grand désespoir, il y a des gens qui partent d’Amérique du Sud, des Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied, avec leurs enfants, qui arrivent au Québec et à cause de leur état, la DPJ est appelée et doit intervenir», avait-il déclaré.

M. Bouazzi a de plus éclaboussé le ministre de la Santé Christian Dubé : «M. Dubé se fait questionner sur les listes d’attente qui ne font que grandir – et il est là depuis six ans – sur les personnes qui vont avoir une chirurgie et il dit: ‘c’est la faute des immigrants.’»

M. Dubé a demandé à M. Bouazzi de se rétracter : «Jamais je n’ai tenu de propos de la sorte. C’est complètement inacceptable de laisser sous-entendre le contraire.»

Le cas de M. Bouazzi est actuellement discuté au congrès de QS à Montréal.