Pourquoi devons-nous arrêter de dire “la mode” et commencer à parler de “vêtements” ?
Ce texte a été écrit en partenariat avec
Samata est la PDG de l’organisation Red Carpet Green Dress et fondatrice du collectif d’autonomisation des femmes THE TRIBE. Entre deux parties de casino en ligne, elle partage son point de vue sur le pouvoir du langage pour faciliter la compréhension et l’inclusion.
Lorsque je me présente en disant que je travaille dans la mode, j’ai souvent à faire à des réponses comme : «J’ai toujours voulu aller à un défilé de mode», ou encore : «Je me prends trop au sérieux pour penser à la mode, mais ça doit être amusant! »
Pour quiconque ne travaille pas dans cette branche, le mot “mode” semble créer instantanément une séparation. Pourtant, nous portons tous des vêtements, et ce tous les jours, pourtant beaucoup de gens ne se reconnaissent pas dans cette idée de “mode”.
L’une de mes missions, c’est d’aider cette communauté mondiale à se reconnecter derrière cette idée et cette industrie qui n’emploie pas moins d’une personne sur six sur la planète.
La hiérarchie des besoins de Maslow place les vêtements en tête sur la liste des éléments essentiels, puisqu’ils sont considérés comme des «besoins humains universels». En effet, les vêtements apportent dignité, chaleur, protection et, pour ceux qui peuvent le voir, un moyen de communiquer et d’exprimer leur identité.
Pourtant, la façon dont les vêtements sont fabriqués, portés puis finalement jetés affecte également notre corps, la planète, ainsi que des communautés entières. C’est là que le volet durable entre en jeu.
Considérée comme la troisième industrie la plus polluante après celles du carburant et de l’agriculture, la production de vêtements cumule un catalogue d’infractions, notamment au niveau de la pollution. Elle est en grande partie responsable de la perte de biodiversité et des problèmes de justice sociale, du fait de ses émissions de carbone et de son modèle économique qui n’hésite pas à exploiter les plus pauvres. Si les choses continuent comme elles sont, l’industrie de la mode pourrait utiliser 26% du budget carbone mondial d’ici 2050. En d’autres termes, la mode serait responsable de plus d’un quart des émissions que nous pouvons nous permettre de dégager au cours des 30 prochaines années, sans dépasser une élévation de température de deux degrés celsius.
Changer de “la mode” aux “vêtements”
Le langage représente un certain pouvoir sur les gens, alors à partir de maintenant, je remplacerai le mot “mode” par son homologue plus convivial et plus inclusif, les ”vêtements”.
Vos vêtements sont liés à tous les sujets auxquels vous pouvez penser – durables ou non, et je veux vous aider à faire ce lien crucial. Alors désormais je dirais “vêtements” au lieu de “mode”.
Montrons par exemple à l’étudiant passionné de tricot l’importance qu’ont le reprisage et et raccommodage dans cette optique de mode durable. Présentons au vegan amoureux des animaux les innovations de matériaux à base de plantes, des feuilles d’ananas au cuir de champignon, et discutons de l’impact des vêtements sur la biodiversité avec les observateurs de baleines.