Le CAPE, un allié réconfortant pour l’alphabétisation
ALPHABÉTISATION. À partir de quel niveau une personne est analphabète ? La question est fréquemment posée à Kristine Lapratte, directrice du Centre d’activités populaires et éducatives (CAPE) de La Tuque
La Semaine québécoise de l’alphabétisation populaire est une excellente occasion de prendre conscience que l’analphabétisme, s’il touche beaucoup de personnes, devient le fardeau que traînent des gens qui fonctionnent parfaitement dans la société.
Parfois, lire ne présente pas beaucoup de difficultés jusqu’à ce que l’on reçoive des documents officiels. On capitule devant la difficulté.
Les centres en alphabétisation comme le CAPE sont d’un précieux secours. Sans jamais juger personne, ils apportent les compléments de formation dont on a besoin pour être plus fonctionnels en littératie.
«Au moins une quinzaine de personnes par semaine viennent ici. À l’époque, on voyait beaucoup de va-et-vient. Auparavant, c’étaient des personnes plus âgées qui n’avaient pas pu aller à l’école. La nouvelle vague est davantage chez les jeunes de 16 à 40 ans, qui ont un parcours scolaire avec des troubles d’apprentissage qui sont passés inaperçus», observe la directrice. Ces gens n’ont pas de diplômes.
Il existe plusieurs niveaux d’analphabétisme et chose certaine le CAPE sert autant les gens analphabètes que les gens peu alphabétisés.
800 000 personnes au Québec sont analphabètes au point où ils éprouvent des difficultés de lecture et écriture. Bon nombre fonctionnent parfaitement dans la société. «Lorsqu’elles reçoivent des lettres du gouvernement, ça se complique ou encore lorsqu’elles doivent prendre rendez-vous», ne manque pas de faire valoir Mme Lapratte. Selon les statistiques, 54% des personnes analphabètes de 16-65 ans sont en emploi. Au Canada, en 2005, on notait que 15 % de la population de 16 à 65 ans a de «très faibles compétences» en matière de compréhension de texte, une proportion qui grimpait à 42 % pour les gens à ayant de «faibles compétences».
Les causes peuvent partir de loin. Il ne s’agit pas que des personnes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. «Les troubles d’apprentissage ont toujours existé, mais des gens n’ont pas été diagnostiqués et n’ont pas eu la chance d’avoir des outils. Toute cette génération n’a pu s’en sortir et s’est retrouvée dans des classes spécialisées, mais n’était pas à la bonne place», résume Kristie Lapratte.
Une personne qui provient d’un milieu défavorisé, vivant avec des parents faiblement scolarisés, a un risque plus élevé de connaître de graves difficultés d’apprentissage.
Elle fait valoir qu’une personne qui a de la difficulté à lire, à écrire et à comprendre, perd la confiance en elle. L’isolement, avec ses conséquences dévastatrices, commence.
Mme Lapratte insiste : tout le monde a droit aux services du CAPE. «Il y a des gens qualifiés avec un bon travail qui viennent ici». Le français, les mathématiques, le calcul, la conscientisation ainsi que le développement personnel, voilà autant de compétences qu’on peut aller y chercher.
Plusieurs personnes restent chez elles à souffrir de cet isolement et le pas à franchir pour obtenir les services du CAPE peut sembler énorme. «Il ne faut pas avoir peur», insiste Mme Lapratte.
Un bon nombre d’usagers du CAPE est de «niveau 3», un stade où les gens ont des capacités de lecture et écriture suffisante pour être parfaitement fonctionnels dans la société. Ils vont aller chercher les connaissances qui leur manquent pour être mieux outillés.
L’organisme rejoint de façon directe 90 personnes par semaine. L’an dernier, les trois formatrices ont offert 2 308 heures d’ateliers auprès de la clientèle. Elles ont bénéficié de 102 heures de formation, l’année dernière. 418 heures de bénévolat ont été consacrées aux usagers.
Le TDAH, la pauvreté, la dyslexie, les difficultés d’apprentissage, la santé mentale, la santé physique, la déficience légère, les personnes fragilisées par le passé, la toxicomanie comptent aussi parmi les défis vécus par plusieurs participants aux ateliers du CAPE.
La programmation a prévu une journée portes ouvertes «Vivre un jour dans nos souliers» le 2 avril, pour toute la population.
«Nous espérons que tous les adultes qui désirent entreprendre une démarche d’alphabétisation, mais qui n’osent pas, entendront parler de notre organisme pendant cette semaine et que cela leur donnera envie de venir cogner à notre porte. Ils seront à même de le constater : l’alphabétisation populaire, c’est bien plus que des mots», conclut Mme Lapratte.