50 ans plus tard, les premiers Vikings se souviennent
En septembre 1971, pour la première fois, une équipe sportive rattachée à l’école secondaire Champagnat portait le nom des Vikings. C’était le début d’une belle et longue tradition sportive.
L’Écho a rencontré quelques membres de l’équipe initiale de football, de 1971, qui ont organisé un événement de retrouvailles pour souligner la naissance de l’équipe, qui a ensuite constitué un effet de levier pour de nombreuses formations sportives de l’école secondaire de La Tuque.
Après quelques années plus tranquilles en termes de sport scolaire, 1971 s’annonce une année plus qu’active.
«En 1970, Yvon Morel et moi, on partait une petite ligue de sport intramurale, avec trois équipes. Au niveau régional, ç’a donné l’idée, en 1971 (de démarrer une ligue de football). Ç’a été la première année, il y avait cinq équipes», rapporte Michel Grandbois, enseignant retraité et entraîneur défensif des Vikings. Outre La Tuque, il y avait des formations de St-Tite, Shawinigan, Grand-Mère et Shawinigan-Sud dans la ligue qui venait d’être constituée. L’aventure durera cinq ans, mais les Vikings, en football, renaîtront par la suite au cours des décennies suivantes M. Grandbois composait avec Michel Ruel et Guy Doré (instructeur-chef), le trio d’instructeurs des Vikings.
Il fallait recruter des joueurs et surtout les former ces gaillards. «On avait fait deux mois d’entraînement avec un instructeur de karaté dans la cour de l’ancienne école des métiers et il nous faisait monter la moitié de la côte de ski», rapporte Philippe Pilon, quart arrière. Cinq mois d’entraînement ont suivi afin de leur assurer d’être en mesure d’affronter les équipes régionales. «Les heures de travail n’ont pas toujours été roses; nous avons dû user énormément de patience afin de montrer aux étudiants à jouer au football», avait alors dit à L’Écho de La Tuque l’entraîneur-chef Guy Doré. Il fallait leur apprendre les grandes lignes de la conduite du football.
Alain Filion, joueur, insiste sur l’impressionnant esprit d’équipe, «le sens de la famille», qui régnait au sein des Vikings.
Le premier match avait donné lieu à une véritable frénésie. 2500 personnes avaient assisté à la rencontre qui s’était soldée par une victoire des Vikings. Même un demi-siècle plus tard, les joueurs n’ont pas oublié ce moment. Si l’affluence du premier match peut sembler considérable, les autres joutes attiraient une moyenne respectable de 1100 spectateurs sur le terrain de l’école Champagnat.
Les efforts ont porté fruit puisqu’à maintes reprises, le professionnalisme des Vikings a été souligné et l’équipe a été invaincue en 1971.
«Une saison invaincue, c’est comme un trou d’un coup au golf», compare Philippe Pilon. Sans rien enlever aux autres équipes, les Vikings comptaient sur un bassin de population moins élevé pour choisir leurs bons éléments, il a donc fallu travailler très fort, même si le calendrier régulier ne dénombrait que cinq matchs.
En 1971, les Vikings avaient conclu la saison avec la meilleure fiche du circuit, accumulant 157 points produits, alors qu’ils en ont accordé 31 seulement. Les Vikings recensaient dans leurs rangs les deux meilleurs pointeurs du circuit, Bernard Gaudet qui terminait la saison avec 48 points produits alors que Sylvain Prince en enregistrait 43. L’Écho rapportait également, au terme de la saison, que Philippe Pilon a été le quart arrière le plus régulier, malgré une suspension d’une joute.
Finale sous la neige
Le jour de la finale contre Grand-Mère sur le terrain de l’école Champagnat, il neigeait à plein ciel. Le magasin de sport FX Lamontagne avait ouvert ses portes en ce dimanche, afin d’assurer l’approvisionnement en souliers à gros crampons pour les joueurs. Rien ne pouvait être laissé au hasard pour assurer la victoire. Il neigeait tellement que les Pionniers se demandaient bien, en route dans l’autobus, dans quelles conditions ils allaient disputer le match. L’histoire ne dit pas si ça faisait partie de leur entraînement, mais ce matin-là, les Vikings ont gratté une partie de la surface pour pouvoir assurer la présentation du match.
Un conseil d’administration chapeaute l’équipe, mais tous s’entendent pour dire que ce n’était pas très hiérarchisé : un esprit de bonne camaraderie régnait avec les dirigeants de l’équipe. D’ailleurs, au moment de l’entrevue, les premiers Vikings ont eu une pensée pour leur gérant général, Jean-Paul Trudel, décédé il y a quelques jours, un homme qu’ils ont beaucoup apprécié.
Draveurs, Bûcherons ou Vikings ?
C’est à Sylvain Prince qu’on doit le nom de la formation. Plusieurs noms avaient été proposés, dont les Draveurs ou les Bûcherons, mais celui des Vikings aura été retenu, car il représentait une équipe de combattants partant à la conquête des honneurs de leur sport.
Un énorme potentiel
Il y avait énormément de potentiel au sein de l’équipe de La Tuque en 1971, au point où six joueurs ont été invités pour le camp d’entraînement des Diablos de Trois-Rivières.
Comme elle l’a souvent démontré au cours de son histoire, La Tuque sait bien faire les choses. «L’organisation était bien rodée. Même les équipes majeures devaient nous envier», laisse entendre Johnny Deslauriers. Les cheerleaders faisaient également partie de l’histoire.
«Il y avait une belle complicité entre les entraîneurs. Michel Ruel avait un rôle plus effacé, mais il a été très efficace. Il a beaucoup de mérite», relève Michel Grandbois.
«Guy (Doré) avait un charisme, c’était un meneur d’hommes, au même type que Michel Grandbois et Michel Ruel», évoque Alain Filion.
Philippe Pilon fait ressortir le côté stratège de Guy Doré, un ingrédient majeur dans cette série de victoires : «C’était un instructeur qui pouvait parler au groupe, pas juste à une spécialité. Il était rassembleur d’une unité. Il avait des tactiques, mais c’est de même que ça se gagne, des matchs».
Cet enthousiasme avait généré une remontée du nombre de jeunes s’inscrivant dans des sports scolaires. Difficile de ne pas voir la fierté des premiers Vikings quand on leur rappelle que toutes les équipes sportives de l’école Champagnat, toutes disciplines confondues, ont porté le même nom, au fil des décennies suivantes.