La boucle est bouclée pour Gary Brown
HOCKEY. Alors que la Mauricie n’en a ces jours-ci que pour les Cataractes et leur conquête de la Coupe Memorial il y a dix ans, un discret résident de La Tuque peut se targuer d’avoir participé au même tournoi il y a 52 ans, un prélude à une belle carrière de hockeyeur qui l’a amené jusqu’en Europe et à participer à des championnats du monde.
De retour dans sa ville natale depuis deux ans, Gary Brown est sans doute le Latuquois qui est venu le plus près de jouer au plus haut niveau. Au terme de sa carrière junior en 1967-68, il termine au 3e rang des compteurs de la Ligue Junior A du Québec, derrière deux joueurs qui évolueront dans la LNH: Michel Brière et René Robert.
C’est lors de cette même saison qu’il prend part au tournoi de la Coupe Memorial qui n’avait pas la même formule qu’aujourd’hui. « Dans le temps, l’équipe championne du Québec rencontrait celle de l’Ontario puis le gagnant se mesurait à aux champions de l’Ouest. Parce qu’on considérait à l’époque que la ligue au Québec était moins forte, on permettait à l’équipe championne d’utiliser six des meilleurs joueurs des clubs éliminés. Je jouais dans le temps avec les Leafs de Trois-Rivières et avec des gars comme André Dupont et René Robert, on a été prêté aux Maple Leafs de Verdun. On a finalement perdu contre les Flyers de Niagara Falls dans une série trois de cinq qui s’est rendue à la limite », se rappelle le sympathique retraité.
Lafleur, Richard et les Nordiques
Gary Brown peut se targuer aussi d’avoir joué contre Guy Lafleur alors que celui-ci en était à sa 2e saison avec les Aces de Québec, toujours dans la Ligue Junior A. « Il avait seize ans à l’époque et moi, j’en avais trois de plus et c’était ma dernière année junior à Trois-Rivières. Je me rappelle d’un match où on avait perdu 8 à 6 au Colisée de Québec. Lafleur avait fait trois buts et une passe et moi aussi. J’ai encore une découpure de journal où on voit nos deux photos dans un article. C’est un beau souvenir pour moi », dit-il, en évoquant le récent décès du célèbre no 10.
Il a ensuite évolué pour différents clubs américains affiliés aux Maple Leafs de Toronto qui détenaient ses droits. Gary Brown croyait bien en avoir fini avec le hockey professionnel en 1972 quand les Nordiques de Québec, à leur première saison dans le nouveau circuit de l’AMH, lui adressent une invitation pour le camp d’entraînement. « J’y ai été sans trop d’espoir, car il y avait déjà plusieurs joueurs sous contrats. En plus, il me faisait jouer à gauche quand j’étais un allier droit. » Le Latuquois n’a cependant pas rouspété puisque l’entraîneur des Nordiques à l’époque était un certain Maurice Richard… qui démissionnera après deux matchs seulement en début de saison.
Un championnat du monde… en Chine
En 1978, Gary Brown met le cap en France où il jouera durant neuf saisons avec les Brûleurs de Loup de Grenoble, dont six à titre de joueur entraîneur. « J’avais une invitation d’un club près de Paris, mais je préférais Grenoble parce que j’avais des souvenirs des Jeux olympiques de 1968. C’était beau avec les montagnes. Finalement, on a été champions de France durant deux ans », raconte celui qui a été naturalisé Français en 1981.
« Dans le temps, le service militaire était obligatoire pour les hommes. Je leur ai dit: »Je veux bien devenir Français, mais je ne veux pas faire la guerre. Finalement, j’ai été dispensé parce que j’avais plus de trente ans », sourit-il. À Grenoble, il se rappelle d’avoir entraîné un jeune joueur qui fera carrière plus tard dans la LNH: le gardien Christobal Huet qui évoluera notamment avec les Canadiens de Montréal avant de remporter la Coupe Stanley avec Chicago.
C’est aussi en tant que Français d’adoption que Gary Brown a pu prendre part à trois championnats du monde de hockey entre 1981 à 1983, en Chine, en Espagne et en Hongrie. « Pékin en 1981, c’était quelque chose. Ce fut de très belle expérience de vie », se rappelle le Latuquois qui est revenu définitivement au Québec en 1987.
Après avoir travaillé pendant plus de trente ans à Granby dans le domaine de l’impression, il est revenu vivre à La Tuque où il habite dans la maison familiale avec ses deux sœurs.